mardi 13 décembre 2011

Coyhaique - accident de vélo avant Cochrane


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De Coyhaique, nous nous dirigeons maintenant sur Cochrane, dans un paysage superbe, tant les cours d'eau et les lacs de cette région de Patagonie si peu peuplée sont magnifiques.

Hélas 4 jours plus tard, soit le 17 décembre, c'est l'accident de vélo: je roulais sans doute bien assez vite dans une descente non goudronnée, et je me suis étalé. Ursula, qui me suivait à peu de distance, me découvre ensanglanté et inconscient. Elle organise rapidement un transport jusqu'à l'hôpital de Cochrane. Mais ils ne peuvent rien faire, et organisent immédiatement un transport par avion médicalisé jusqu'à l'hôpital de Coyhaique: j'ai l’œil droite tuméfié et pratiquement pas de conscience après le choc qu'a subi mon crâne. Heureusement que je portais le casque (qui s'est méchamment fissuré), sinon je serais sans doute décédé sur place.

A Coyhaique, une commotion cérébrale est diagnostiquée, et mon œil droite pourrait peut-être récupérer dans les mois qui viennent si le nerf oculo-moteur qui a été endommagé décide de repousser. De retour le 4 janvier 2012 en Suisse, d'abord au CHUV, puis à 'hôpital Nestlé, c'est surtout mes problèmes de mémoire qui vont être traités.

Ursula a été une épouse parfaite dans ces moments bien difficiles pour elle surtout, puisque j'étais pratiquement inconscient. Quant à moi, ma mémoire revient petit à petit, mais je dois faire beaucoup d'efforts pour redécouvrir tout ce que je maîtrisais sans problème avant: tenue d'agendas pour ne pas oublier mes rendez-vous, et les événements importants, redécouverte de la maîtrise des ordinateurs, en notant là aussi le maximum de choses pour les re-graver dans ma mémoire, et si elle défaille, retrouver comment faire telle ou telle chose. Heureusement que cela ne m'arrive qu'après ma retraite, j'aurais beaucoup de peine à m'imaginer dans une activité professionnelle, même après les 7 semaines d'hospitalisation que je viens de faire, du 17 décembre 2011 au 3 février 2012.

Mais dans l'ensemble tout va bien: mon œil gauche fonctionne bien, ma mémoire s'améliore et ma forme physique reste bonne. Cela pourrait être pire!

samedi 10 décembre 2011

Carretera Austral: 1ère partie, de Futaleufú à Coyhaique


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Entre Futaleufú et la Carretera Austral, nous rencontrons Mario, un Allemand qui connaît très bien la région et nous donne pleins de bons tuyaux pour la suite de notre voyage, ainsi que sa carte de la Carretera Austral. Il fait une heureuse, Ursula, qui peut enfin visualiser notre parcours à venir!

Cette partie du Chili est montagneuse et très peu peuplée, c’est un peu comme la Suisse mais sans ses habitants ! On campe "sauvage" avec un grand plaisir dans cette nature presque pas touchée par l’homme. Partout une grande quantité de bois mort en train de pourrir sur place. La neige n’est qu’à quelques centaines de mètres plus haut que nous, et pourtant nous ne sommes qu’à 100-200 m d’altitude, et à une latitude équivalente à celle de Monaco: les deux hémisphères ne sont pas symétriques du point de vue du climat ! Un soir on a campé au milieu de vaches très curieuses, j'ai dû faire un rodéo sur mon vélo pour les éloigner. Et pour ne pas risquer de se faire ennuyer la nuit, on s'était construit une barricade avec des branches mortes trouvées aux alentours: efficace, mais il fallait faire attention de ne pas s'encoubler en se relevant la nuit!

On vient de faire 11 jours non-stop pour profiter du temps tout-à-fait atypique pour la Patagonie, grand beau et juste une petite brise

Il y a vraiment beaucoup de cyclo-voyageurs sur la Carretera Austral:
  • À la Junta, quelqu’un frappe à la porte de noter chambre: c’est Raoul que nous avions rencontré à Villarrica
  • Au camping du Lago Las Torres, nous nous retrouvons à 7 cyclistes, 1 Français, 1 Espagnol, 2 Allemandes et 3 Suisses: on a gagné!
  • On a même rencontré deux Allemands retraités, mais qui voyagent sans tente et sont donc limités dans le choix de leur parcours: le matériel de camping est par exemple indispensable pour aller plus au Sud que Coyhaique.
Au sommet d’un col, rencontre très sympathique avec deux frères Zürichois qui voyagent avec un bus camping très bien aménagé. Ils nous invitent pour un deuxième petit-déjeuner que nous ne refusons pas, on est toujours affamé à vélo. Ils nous font aussi découvrir le maté qu’ils connaissent bien puisque leur mère est Argentine, et qu’ils ont la double nationalité. Un autre jour nous ne croisons pas moins de 5 camping-cars immatriculés en Suisse, dont un vraiment gigantesque. On se sent bien plus écologique, malgré nos voyages en avion!

Vers Puerto Aysen, on a fait un détour de 20 km pour trouver un hôtel, bien nous en a pris car il a bien plu durant la nuit. Mais la pluie s'est vengée en nous arrosant copieusement à la pause de midi aujourd'hui. On est resté zen, on avait trop faim.

En arrivant à l’hôtel de Coyhaique, l’hôtelier appelle tout de suite Ursula par son prénom: il avait été prévenu de notre arrivée par Mario, rencontré sept jours plus tôt! C’est aussi un couple de cyclistes allemands tombés amoureux de la région qui ont ouvert cet hôtel. Nous y faisons une pause de deux jours, Coyhaique est la plus grande ville de la Carretera Austral avec deux immenses hypermarchés et des bancomats qui deviennent rares en Patagonie chilienne. On refait donc le plein avant d’aborder la deuxième partie de cette Carretera Austral jusqu’à Villa O’Higgins, d’où un passage aventureux vers l’Argentine va nous amener juste devant le Fitz Roy.

samedi 3 décembre 2011

Région des lacs, côté Argentine


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Nous sommes tout de même restés un jour à Bariloche (la pluie de cendres de la veille ayant rapidement cessé) pour découvrir les magnifiques paysages environnants. Pour cette journée de repos, nous faisons le petit circuit qui fait tout de même 50 km, en passant par la Colonia Suiza, quelques restaurants et boutiques moins huppés qu’on l’imaginait, qui évoquent plus Derborence que Gstaad ou St-Moritz.

Moins de 20 km au Sud de Bariloche, la région n’a plus du tout été touchée par les cendres, et la brume de cendres en suspension disparaît complètement. Grosse étape (123 km) pour atteindre El Bolsón, mais les paysages sont superbes : on est juste à la bonne saison pour la floraison, et bien avant la horde des touristes. Nous avons rencontré 3 cyclo-voyageurs ce jour-là, dont un qui vient d’Ushaïa. Il nous parle des vents terribles qui l’ont même empêché de pousser son vélo : on mange notre pain blanc !

A El Bolsón, nous revoyons Elsa et Ollivier, qui ont résolu leurs problèmes de Rohloff en posant un dérailleur à la place de celui qu’ils ont renvoyé en Allemagne pour remplacement ! Ils ont sans doute trop de puissance à eux deux pour réussir à casser cette mécanique pourtant réputée robuste. Nous allons faire une petite ballade vers la Cabeza del Indio, et nous sommes impressionnés de les voir grimper allègrement une côte pentue avec leur nouveau dérailleur 8 vitesses, mais simple plateau. Ce soir c’est eux qui nous invitent pour un succulent gratin dauphinois !

Le lendemain, un cycliste nous croise sans s’arrêter, puis revient vers nous : c’est Julien, un Lausannois qui a reconnu le sigle du magasin qui nous a vendus nos vélos, et qui du coup se dit qu’il vaut quand même la peine de venir faire une causette bien sympathique avec ses concitoyens !

A Cholila on nous autorise à camper sur le terrain municipal bien plus joli que les deux campings privés, si moches qu’on aurait de toute façon préféré faire du camping sauvage.

On traverse ensuite le parc national Los Alerces (les mélèzes), sauvage et peu fréquenté à cette saison, grâce sans doute au fait que la route qui le traverse est encore en grande partie non goudronnée. Les forêts et les prairies y sont d’un vert, et les lacs d’un bleu profonds, le tout dominé par des montagnes encore enneigées. On y croise un hôtel-bus allemand qui ne ralentit pas et nous empoussière copieusement, peut-être pour se venger de ces clients perdus ? Encore une nuit dans un camping pas encore ouvert officiellement, au bord du rio Arrayanas : quel calme !

Notre troisième traversée des Andes se fait pratiquement sans dénivelée, à 300 m d’altitude environ : on suit un défilé qui se faufile entre les montagnes. Nous n’avons pas le droit d’importer des produits laitiers, fruits, légumes et viandes au Chili. Avant la frontière on finit donc nos fruits secs, et le lait condensé qu’on ne va tout de même pas laisser aux douaniers ! A peine avons-nous passé la douane qu’une pluie de bienvenue nous arrose.

Dans un jour ou deux nous arriverons sur la fameuse Carretera Austral, une route qu’a fait construire Pinochet pour relier la Patagonie Chilienne au reste du Chili. Nous devrions la suivre jusqu’à Villa O’Higgins, avant de retraverser sur l’Argentine devant le Fitz Roy.

dimanche 20 novembre 2011

Re-traversée des Andes et arrivée en Patagonie


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Avant de quitter Villarrica, nous avons rencontré au Torre Suiza les premiers cyclo-touristes depuis Mendoza:
  • Raoul encore en voiture avec sa femme, mais qui dans 3 semaines ira rechercher son vélo pour "faire" la Patagonie
  • Akiyuki, un Japonais en route lui depuis 2004, avec son amie qui a commencé le vélo depuis 3 semaines!
Pas étonnant quand l'on sait que le Torre Suiza avait été ouvert il y a 14 ans par un couple de cyclistes suisses qui, arrivés à Villarrica après deux ans et demi de pédalage, ont eu envie de changer de vie et ont ouvert cet hôtel.

On est reparti quand même et avons retraversé les Andes, dans le sens Est Ouest cette fois-ci. Miracle, fait que nous avons eu le vent dans le dos! Nous sommes passés devant le volcan Lanin, 3776 m, mais le Paso Mamuil Malal n'est qu'à 1208 m. Une petite pensée pour nos amis des cent cols: en 2000 km, avec 23'000 m de dénivelée, ce n'est que le premier col dûment répertorié sur une carte que nous traversons: pas rentable! Par contre les ponts sont tous baptisés et affichés (et il y en a beaucoup); donc, au lieu d'ouvrir une branche sud-américane des cent cols, il vaudrait mieux y créer le club des mille ponts!

San Martin de Los Andes: cette fois nous sommes arrivés en Patagonie. Nous avons retrouvé nos amis Elsa et Ollivier, déjà rencontrés en Chine. Evidemment on avait plein de choses à se raconter, à se montrer nos films respectifs, et on a fêté l'anniversaire d'Ursula en les invitant pour un apéro ainsi que deux autres voyageurs à vélo, Ivana et Harry, qui se sont arrêtés là pour fonder une famille (naissance toute prochaine). Elle est Argentine, lui Hollandais, et ils se sont rencontrés au camp de base de l'Everest, côté Tibet où elle faisait du vélo, et lui grimpait l'Everest (il a d'ailleurs gravi les plus hauts sommets de chaque continent). Bref belle ambiance de voyageurs sportifs digne de l'anniversaire d'Ursula!

La route des 7 lacs entre San Martin et Bariloche semblant praticable à vélo, nous nous décidons de tenter de passer à travers les cendres rejetées par le volcan Puyehue. En effet la quantité de cendres rejetées est maintenant assez faible, et de plus la route est fermée pour cause de travaux si bien que le trafic est nul. Nous voyons les efforts considérables des Argentins pour nettoyer les grosses quantités de cendres qui se sont déposées surtout dans la région de Villa La Angostura, et l’épaisse couche de cendres accumulée dans les endroits qu’ils n’ont pas encore touchés.

Nous arrivons à Bariloche juste avant une chute de cendres. On ne va sans doute pas s'y attarder, c'est un peu comme une grosse pollution: cela gâche la vue, et ce n'est sans doute pas très sain.

dimanche 13 novembre 2011

Araucanie


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Depuis Concepción, nous longeons le Rio Bio Bio (prononcer viovio), un véritable fleuve de plus d’un km de large au début. La sortie de ville a été difficile, le premier pont pour traverser le Bio Bio était en sens unique, et le second une autoroute 4-6 pistes ! Autrement première étape vraiment gentille, 56 km et seulement 190 m de dénivelée sur une bonne route goudronnée et sans vent contraire. Nous essuyons notre première averse : nous n’aurons donc pas pris notre équipement Goretex pour rien! Enfin je ne devrais peut-être pas ironiser, je risque d’indisposer les pluies patagoniennes à notre égard …

Le lendemain, retour du beau temps, des plaines, … mais aussi de la circulation et du vent du Sud. Cette région semble être tournée surtout sur l’économie forestière à l’échelle industrielle : nous voyons une nouvelle grande usine de cellulose et quelques scieries près de Nacimiento. Les camions transportant le bois se font plus nombreux, mais ces transports devraient encore être optimisés : il n’est pas rare de voir deux camions transportant exactement les mêmes troncs de pins se croiser sur la route!

Nous sommes maintenant en Araucanie, où a débarqué en 1860 Orélie-Antoine de Tounens, un Français qui avait la folie des grandeurs et qui réussit à se faire nommer Roi d’Araucanie et de Patagonie. Son règne plus qu’éphémère, a été raconté avec talent par Jean Raspail dans son livre Adios Terra del Fuego, 2001.

11.11.11: à cinq heures du matin Ursula me réveille en secouant mon lit. Mais qu’est-ce qui lui prend de me réveiller si tôt et de cette manière? J’émerge de mon sommeil et la voit endormie à côté de moi: c’était donc un petit tremblement de terre, confirmé par la gardienne de l’hôtel un peu plus tard. Nous sommes sur le vélo à 7 heures, mais le vent du Sud ne respecte pas son contrat : il souffle déjà fort à l’aube.

Les deux jours suivants, le vent se calme. De Temuico, nous empruntons même l’autoroute sur 20 km, mais le dimanche matin à 7 h, il n’y a presque pas de circulation, et la bande de sécurité est bien large. On arrive à Villarrica, et le Torre Suiza, un hostel tenu par Helena une Suisse-allemande et son mari chilien, le meilleur depuis notre départ.

La région est très touristique et nous en profitons pour laisser les vélos se reposer un peu. Pendant ce temps, on gravit le volcan Villarrica, une course de neige à cette saison. On jouit d’une vue superbe sur la région et sept autres volcans voisins. La descente se fait en se rutschant sur plus de 1300 m de dénivellée, mais nous sommes équipés de « pampers » Goretex et de luges-assiettes. Ce qui n’empêche pas d’être mouillés jusqu’à la culotte en arrivant. Le beau temps et la chaleur retrouvée nous sèchent rapidement.

On va aussi faire une superbe ballade dans le parc national Huerquehue, dans une forêt à la végétation quasi-tropicale et les bois en décomposition relarguent des odeurs étranges qui évoquent parfois la mayonnaise. Pourtant nous arrivons bien vite à la limite de la neige vers 1300 m. Superbe vue sur le volcan Villarrica et le lac Tinquilco au premier plan, voir les photos.

Nous avons aussi pris deux jours de repos, dont l’un passé aux termes de Los Ozornos, ce qui nous rappelle les rotemburos japonais (bains chauds en plein air). De 11h à midi, on y est absolument seuls. Le premier orage de la saison éclate vers 14h30, ce qui rend tout joyeux notre expansif chauffeur de notre bus!

Depuis le sommet du volcan Villarrica, nous avons vu très clairement le prochain problème sur notre parcours prévu : le volcan Puyehue, ou plus exactement son voisin immédiat, le Cordón Caulle rejette de grandes quantités de cendres qui, avec le vent d’Ouest dominant, se déposent dans la région de Bariloche, où certaines routes sont fermées, et en tous cas pas praticables à vélo (voir cette référence).

On va quand même aller jusqu’à San Martin de los Andes en Argentine, de façon à remettre à zéro notre séjour maximal de 3 mois au Chili, et pour y revoir Elsa et Ollivier que nous avions rencontrés à Litang en Chine (voir cet article), et qui continuent leur tour du monde.

lundi 7 novembre 2011

Côte Pacifique de Valparaíso à Concepción


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La première journée en partant de Valparaiso est un peu frustrante: après 6h20 de pédalage effectif (72 km, 1520 m de dénivelée), nous ne sommes qu'à 24.6 km de notre point de départ! Nous avons dû modifier notre itinéraire prévu qui prenait un raccourci impraticable, et faire de grands détours dans un terrain tout en montagnes russes. Mais la région est belle et sauvage : nous traversons d'immenses forêts d'eucalyptus et de pins, avec quelques belles vues sur le Pacifique. Nous sommes tout contents de trouver une cabaña de luxe à louer dans le tout petit hameau de Tunquen.

Le lendemain nous passons par Algorrobo, une station balnéaire à la mode où se construisent d’immenses immeubles, comme sur la Costa Brava. Mais cela ne dure pas, on retrouve bien vite de plus petits villages bien plus sympathiques. A San Antonio je me fais couper les cheveux par le sosie chilien de Bérurier!

Samedi 29 octobre, nous nous faisons dépasser par deux cyclistes qui nous font le plaisir de s’arrêter puis de nous accompagner sur quelques kilomètres, le temps de faire plus ample connaissance. L’aîné a 67 ans, l’autre est nettement plus jeune, père de 6 enfants et est déjà venu en Suisse où il exporte des champignons. Ils nous recommandent vivement de nous arrêter à Matanzas. C’est en effet un spot prisé des surfeurs, mais hélas nous ne sommes pas les seuls à y chercher un logement : c’est le premier jour d’un week-end prolongé, et il ne reste plus que le camping pour nous accueillir : notre équipement de camping nous sauve une nouvelle fois la mise !

Dimanche c’est à Pichilemu que nous nous rendons, la Mecque des surfeurs chiliens, mais nous n’aurons pas le temps de les admirer, les 90 km et 1200 m de dénivelée dont une partie sur terre battue auront bien occupé notre journée. Après quelques recherches nous trouvons une chambre dans un Residencial, hôtel familial moins cher que le camping de la nuit passée. Le fils parle français, il fait des études de psychologie à Toulouse. Le papa va jusqu’à recouvrir nos vélos d’une couverture pour la nuit. Les Chiliens ne doivent pas voir beaucoup passer de voyageurs à vélo dans cette région, ils sont chaque fois impressionnés par notre parcours. Au Lago Vichuquén, Ursula négocie une cabaña miraculeusement encore libre à la moitié du prix initial, bravo, et merci au propriétaire du prix spécial « cycliste ».

Les routes chiliennes sont très variables : nous avons évité les grands axes, et nous sommes souvent retrouvés sur des routes en terre battue très peu fréquentées mais avec parfois des tronçons vraiment raides, où même pousser nos vélos chargés devient difficile. Je prends des photos d’Ursula qui me suit vaillamment en pensant déjà aux légendes dont je vais les illustrer.

Le beau temps est de mise, une seule journée nuageuse, et quelques brouillards matinaux. La température est idéale pour le vélo. Nous nous levons très tôt pour profiter des quelques heures matinales où le vent est nul ou faible. Après 11h, il commence à forcir pour atteindre les 50 km/h l’après-midi.

Le mardi 1er novembre étant férié au Chili, et je dois attendre le lendemain pour voir un dentiste à Constitución. Cette fois j’ai clairement identifié la dent coupable, c’est encore une autre que celle traitée à Valparaíso. A l’hôpital, on me propose de l’extraire, mais je préfère aller voir un dentiste privé pour faire un traitement de racine. Je vais bientôt pouvoir écrire le guide Michelin des dentistes du Chili!

A Constitución, il y a deux grandes usines de production de cellulose. Et on en voit les effets sur les forêts environnantes dont certaines ont été complètement rasées, laissant un paysage de désolation. Certes, ils les replanteront, mais on n’a pas l’habitude de voir ces grandes étendues de forêts coupées et laissées en friche. Cela donne envie de réduire notre consommation de papier.

Quatre jours plus tard, nous voici à Concepción. J’ai un peu reprogrammé les routes que nous suivons, car la circulation devient très rare, même sur les bonnes routes goudronnées. Inutile donc de prendre les petites routes secondaires en terre battue. Lors de l’étape de Chanco, la cuisinière du restaurant nous montre spontanément des photos de l’église qui a été détruite par le tremblement de terre de février 2010, et nous explique qu’en plein boom estival, et avec le tsunami qui a suivi, il y a eu de nombreuses victimes à déplorer. Avec les endroits où nous sommes passés au Japon et en Chine, et qui ont eux aussi été détruits par des tremblements de terre, on prend conscience de la réalité de ces évènements mieux qu’en regardant les nouvelles à la télévision.

J’ai pu terminer mon traitement de racine à Concepción chez une dentiste très soigneuse, cela devrait donc maintenant aller. Concepción est la deuxième ville du Chili, et a elle aussi été régulièrement détruite par des tremblements de terre : 1751, 1835, 2010.

Depuis Concepción, nous quitterons demain la côte du Pacifique pour nous rendre à Temuco, Villarica et Pucón, une région de volcans.

lundi 24 octobre 2011

On est arrivé au Pacifique (Santiago - Valparaiso)


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L'arrivée à Santiago est délicate car il y a beaucoup d'autoroutes que nous préférons bien sûr éviter. J'avais repéré un itinéraire idéal, hélas c'était sans compter une route barrée. Après nous nous sommes quasi égarés dans la décharge de Santiago (sic!), avant de re-confier au GPS le soin de nous guider automatiquement et d'arriver à bon port, ou presque, l'hôtel Happy House ayant changé d'adresse.

Dans la ville, plusieurs fois on nous met en garde contre les voleurs. C'est vrai qu'avec nos appareil de photo et caméra, on doit être bien tentants, mais rien ne nous arrive.

On passe quelque temps à chercher une spatule en bois pour brasser notre tambouille, la nôtre a dû inexplicablement rester à la maison. Finalement on en trouve une (en bambou, made in China bien sûr), et c'est le réceptionniste français de notre hôtel qui nous la scie à la bonne longueur pour qu'elle rentre dans la casserole. Opération réussie, on peut continuer le périple!

Il nous mène à Valparaiso en deux jours. Le premier, nous avons dû bien choisir notre itinéraire, car quantité de cyclistes du dimanche nous dépassent dans la montée d'un col. On se croirait à une sortie du CCR, le Cyclo-Club Riviera dont nous faisons partie. Sauf que nous nous traînons lamentablement avec nos vélos de quelques 45 kg.

Notre espagnol n'est pas terrible, mais la communication est quand même bien plus facile qu'en Chine ou au Japon. En arrivant à Valparaiso je dois me rendre chez un dentiste, cela fait plusieurs jours qu'une dent me chicane. Curieusement, on dirait que le dentiste m'attendait, car il me prend dès que j'arrive, pourtant sans rendez-vous. Pour la radiographie, il faut aller chez une radiologue qui travaille heureusement dans le même bâtiment. Il a trouvé une carie cachée sous un vieux plombage, espérons que cela résoudra le problème de mes douleurs (pour l'instant ce n'est pas encore tout-à-fait le cas, mais c'est encore tout frais).

Valparaiso me rappelle une chanson de Hugues Aufray qui a dû bercer ma jeunesse (Je reviens, les portes de Saint-Malo). Et bien près de 50 ans plus tard, nous y voici à Valparaiso! Elle a plus de charme que Santiago, avec ses petites ruelles, ses graffitis artistiques qui colorient des bâtiments parfois en mauvais état.

vendredi 21 octobre 2011

Traversée des Andes: Mendoza - Santiago


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Il nous faut presque deux heures pour sortir de l'agglomération de Mendoza. Nous prenons un raccourci qui nous fait traverser des vignes, le raisin aura une vue splendide sur les Andes (au printemps, il n'est pas encore sorti).

Nous faisons halte à Potrerillos, au bord d'un lac, et découvrons le charme des cabañas louées aux touristes: c'est plus grand qu'une chambre d'hôtel, et on peut y cuisiner. Une aubaine car on se lasse vite de l'excellente viande mais servie en trop grosses portions dans les restaurants de la région.

Le lendemain, le paysage que suit la roue N°7 est grandiose, et la circulation encore acceptable. Il faut juste savoir se mettre sur le bas-côté quand deux camions se croisent à votre hauteur, mais ce n'est pas trop fréquent. Il fait grand beau, et nous arrivons vers 13 h à Uspallata, notre étape du jour. C'est dans ce superbe décor naturel qu'a été tourné le film "Sept ans au Tibet".

La montée entre Uspallata et Los Penitentes est plus difficile à cause d'un vent violent à partir de 11 h: Alain se retrouve même une fois les quatre fers en l'air, et depuis, nous poussons tous les deux le vélo dans les rafales les plus violentes. On croyait devoir attendre la Patagonie pour rencontrer de tels vents. On se met à regretter de ne pas être chauffeurs de camion, ils sont bien plus peinards que nous dans leur cabine!

Heureusement on trouve un appartement à louer à Los Penitentes (un endroit qui porte bien son nom!), mais ni restaurant ni magasin. Les repas se font donc spartiates, il nous reste juste 250 g de spaghettis et un peu de fromage. On est tout-à-fait hors saison, trop tard pour le ski, trop tôt pour la randonnée estivale.

On se lève tôt le lendemain, sans avoir complètement récupéré de l'effort de la journée précédente. Peine perdue, il n'y a qu'une légère accalmie de vent vers 8h. On continue de remonter la vallée alors que ce coquin de vent, lui, s'obstine à la redescendre. On passe au Puente del Inca, une arche naturelle aux couleurs superbes sous l'effet d'un ruissellement d'eau sulfureuse. Un car de touristes s'arrête, mais bizarrement aucun ne va voir cette curiosité naturelle. On doit passer devant l'Aconcagua, mais son sommet est recouvert d'un nuage caractéristique du viento blanco. Bien sûr le col Cristo Redemptor (près de 4000 m) est encore enneigé à cette saison, une aubaine car aurait-on eu le courage de le faire? Dès que nous arrivons au tunnel (3216 m), une estafette nous le fait traverser gartuitement: bravo les Argentins!

Du côté chilien, la pente est plus abrupte, et il y a plus de neige, et plus de verdure en contrebas: les Andes doivent faire effet de barrage aux nuages venus du Pacifique. Puis commence une longue descente, parfois impressionante avec tous les lacets qui se succèdent. Maintenant qu'on descend le vent lui remonte, mais la pente est suffisante pour avancer sans effort. On rencontre 3 Anglais qui rallient Santagio à Buenos Aires. Ils sont en vélo de course, avec voiture suiveuse. Ils nous indiquent une petite auberge qui loue des cabanons, et nous nous y arrêtons avec plaisir.

La descente continue, et la température monte jusqu'à 30°C la journée en plaine. Entre Los Andes et Santiago nous sommes accueuillis chaleureusement par Cecilia, la boulangère de Casas de Chacabuco, qui nous laisse camper dans son jardin et utiliser sa douche oh combien appréciée! 6 jours après avoir quitté Mendoza nous voici donc arrivés à Santiago où nous allons faire une pause d'un jour ou deux.

vendredi 14 octobre 2011

Traversée des Andes interrompue pour cause de pumas!


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Le 14 octobre nous nous dirigeons donc vers Uspallata par la route 52, une petite route peu fréquentée qui passe par la réserve naturelle de Villavicencio. Nous nous arrêtons auprès des gendarmes pour nous assurer que la route que nous voulons emprunter est bien dégagée de la neige tombée les derniers jours. On nous rassure, ainsi que l'Office de Tourisme de la région. Pourtant, après 25 km, nous sommes arrêtés par les gardes du parc qui nous interdisent de continuer à cause de la présence de pumas dans le secteur que nous voulons traverser.  Est-ce que deux cyclistes de passage risqueraient de déranger les pumas, ou est-ce pour notre propre sauvegarde que cette mesure de précaution est-elle prise?

De retour à Mendoza, nous essayons de trouver un transport en jeep pour passer cette zone en toute sécurité. L'agent de voyages spécialisé en expéditions a de la peine à nous croire, mais après de nombreuses démarches il apprend que les véhicules à moteur ont été bloqués eux aussi, et qu'il est impossible de savoir quand la zone sera réouverte. Nous renonçons donc à cet itinéraire et, à contre-coeur, décidons d'emprunter demain la route 7, qui est hélas aussi la route principale entre Mendoza et le Chili.

jeudi 13 octobre 2011

Mendoza


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Nous voici donc arrivés à Mendoza ce mardi 11 octobre, après un voyage de 26 heures via Rome et Buenos Aires. Juste après Genève nous sommes passés tout près du Mt Blanc, et juste avant d'arriver, nous avons pu admirer l'Aconcagua le sommet culminant des Andes, tout de même quelque 2000 m plus haut que son homologue européen.

On était suffisamment fatigués pour prendre un taxi jusqu'à l'hôtel, mais hélas tous les taxis sont trop petits pour pouvoir nous prendre avec tout notre barda.

Mais l'aéroport de Mendoza est très tranquille, il fait beau et une température agréable en ce début de printemps. Nous avons donc remonté nos vélos patiemment, sous le regard discret mais intéressé des chauffeurs de taxis, qui nous souhaitent bonne route quand nous sommes enfin prêts quelques deux heures plus tard.

Le lendemain, après une bonne nuit de repos, nous découvrons Mendoza, une ville agréable mais sans grand intérêt architectural. Le temps couvert est plus frais que la veille. Nous profitons de cette journée de repos pour trouver des cartouches de gaz pour notre réchaud, assez facile dans cette ville d'où partent toutes les expéditions pour l'Aconcagua. A ce propos, nous apprenons que nous sommes trop tôt en saison pour aller faire un trekking jusqu'au camp de base de sa face Sud.

Le temps maussade annoncé pour jeudi nous incitent à reporter notre départ d'une journée, ce serait dommage de commencer cette traversée des Andes par mauvais temps.

Demain nous partons pour traverser les Andes au Sud de l'Aconcagua, puis nous rallierons Santiago du Chili.

lundi 5 septembre 2011

Projet Cône Sud


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Après plus d'une année de "repos", nous avons un nouveau projet: le Cône Sud, c'est-à-dire le Sud de l'Amérique du Sud. Cette fois-ci plus de record d'altitude en perspective, mais la Patagonie est connue pour son climat rigoureux, ses vents violents et ses routes mauvaises: bref le paradis pour les cyclistes!

Nous allons partir de Mendoza (ville argentine réputée pour ses vins), pour traverser les Andes tout près de l'Aconcagua et arriver dans la capitale du Chili, Santiago.

Nous emprunterons ensuite un itinéraire peu décrit par les cyclo-voyageurs le long du Pacifique, de Valparaiso à Temuco. Cela nous amènera dans la région des lacs (San Carlos de Bariloche) au Nord de la Patagonie, à cheval sur le Chili et l'Argentine (mais on espère rester sur le vélo).

Puis ce devrait être la Carretera Austral, une route mythique chez les cyclo-voyageurs, qui va nous mener jusqu'à El Chaltén, au pied du Fitz Roy ou presque. On va ensuite contourner le parc national "Los Glaciares" pour aller à El Calafate admirer le célèbre glacier Perito Moreno qui se jette dans le Lago Argentino.

Le parc national suivant, Torres del Paine, se trouve encore plus au Sud, et devrait nous amener à Puerto Natales que l'on espère atteindre encore à vélo.

Rendez-vous donc à partir de mi-octobre pour suivre ce nouveau voyage sur ce blog!